(Publication en portugais et ensuite en français)
Fragmentos do livro “Com os olhos de cao e outras novelas”
"Como devo matar em mim as diversas formas de loucura e ser ao mesmo tempo compassivo e lucido, criativo e paciente, e sobreviver?"
"Eu cá tenho minhas ideias, mas quem as ouve? Nem pedras, porque nao me saem à boca essas minhas proprias ideias. Por calar é que tenho ainda meu pao e minha vida. Engulo tudo o que penso".
"Com meus olhos de cao, paro diante do mar. Trêmulo e doente. Arcado, magro, farejo um peixe entre madeiras. Espinha. Cauda. Olho o mar mas nao lhe sei o nome. Fico parado em pé, torto, e o que sinto também nao tem nome. Sinto meu corpo de cao. Nao sei o mundo nem o mar à minha frente. Deito-me porque meu corpo de cao ordena. Há um latido na minha garganta, um urro manso. Tento expulsá-lo, mas homem-cao sei que estou morrendo e que jamais serei ouvido".
Fragments de la nouvelle “Le chien” du livre “L’obscène madame D. suivi de Le chien”, de Hilda Hilst.
Comment dois-je faire pour me supprimer, mieux, comment dois-je faire pour supprimer en moi les différentes formes de folie tout en demeurant lucide et compatissant, patient et créatif, et survivre?
J’ai mes idées à moi, mais qui est-ce qui les écoute? Même pas les pierres, parce que ces idées que j’ai, elles ne passent pas à ma bouche. C’est parce que je la ferme que je mange mon pain, que je suis encore en vie. Je ravale tout ce que je pense.
Avec mes yeux de chien face à la mer. Tremblant, le corps malade. Cambré, les flancs maigres, je repère un poisson parmi de s bouts de bois. L’épine dorsale, la queue. Je regarde la mer mais je n’en sais pas le nom. Je reste debout, tout tordu, et ce que je ressens, de même je ne sais pas quel en est le nom. Je sens mon corps de chien. Je ne sais rien du monde ni de la mer en face de moi. Je me couche parce que mon corps de chien l’exige. J’ai dans la gorge un aboiement, un gentil hurlement. J’essai de l’expulser mais l’homme-chien sait que je suis mourant et que je ne serai jamais entendu.